La liqueur de café coule in perpetuum mobile dans certaines veines – paroles. Ainsi le poète René Daumal dans son recueil « Le Contre-Ciel ».
Après être rentré chez son serveur invisible préféré dit le ghost host et ce en Vélib’ – non sans avoir percuté quelques rétroviseurs agressifs, le voici debout, lucide et ravageur écrivant « Froidement ».
Il faut le voir allumer fébrilement son alimentation fantôme, les lèvres collées à l’Anti-Pop, tel un collant sur l’ubac d’un braqueur.
La voix off est un métier dangereux, on ne le dira jamais assez. Surtout quand elle est pratiquée derrière un rideau de fumée.
Cette voix off intime, grave et grailleuse, joueuse et jouée, égrenant avec plaisir sa Charybde en Syllabes, est mûre pour une vengeance démasquée. La mue s’opère, la voix revêt la peau des mots, et la vend avant de les tuer.
Mais seul il ne l’est plus. Son double sardonique et strident fait écho. Une sorte de voix à la Artaud que j’ai faite par dessus ma première narration. Et puis enfin on peut entendre une troisième voix, celle du bien-nommé Xavier Lucas, voix off rieuse de son état, entre causeries et closeries. Qu’il en soit ici remercié. Voici :
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Froidement
Attention, le voilà avec sa plume,
attention, il va s’expliquer,
il va crier, il est seul.
Taisez-vous, taisez-vous, leur dis-je;
– à qui? Les mots perdent leurs peaux
ils sont nus et froids dans ma main.
Ah! mon couteau le plus glacé,
mon plus trompeur semblant de meurtre,
c’est cette parole : à qui ?
Je ne parle à personne,
je me vautre sous les lampes,
je me déchire au bord des fleuves.
Je voudrais dire : vous …
et ajouter n’importe quoi;
mais un œil blanc sans pitié,
– et sans vie, bien sûr – m’a cloué.
Alors, pourquoi donc chercher les saisons,
les animaux des fables, les naufrages,
les illustrations du malheur,
les fers forgés complaisants,
et tout le reste?
Eh bien, oui, seul, assez!