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La voix off derrière le rideau (2) : Le Hérisson

Symbole entre autres de la gourmandise, de la déchéance, de la prudence, ou de la juste distance à l’égard de la relation amoureuse selon les libertins, le hérisson se retrouve ici propulsé en porte-drapeau de la voix-off, souvent cachée, comme une épine dans le pied de micro, au beau milieu de la route, dans l’obscurité, et pourtant saine et sauve (pour les tsiganes, il semblerait qu’il soit d’ailleurs le symbole de la survie – il protège des éclairs, mais pas des coups de foudre 😉
Une voix off-shore en quelque sorte.
Bien sûr, question emblème, le caméléon sied mieux à la versatilité de certaines voix.
Pourtant, qui ne connaît pas l’expression “avoir un hérisson dans la gorge” ?
Nous rebaptiserons donc officiellement cet hérisson voiceoverisé derrière le rideau en : hérissoff.

L’interprète visiblement fatigué entame ici un récitatif d’une voix nonchalante mais aussi ironique et piquante pour ne pas dire sexuelle.

Je me souviens qu’au moment de cet enregistrement, il y avait autour de moi du rouge sur les murs un peu à la Trouble Every Day, et des signes du Yi-King en jaune.
Mais qui a influencé quoi ? Mystère.

écoutons plutôt :

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c’est en traversant la route entre une forêt noire
et un désert glacé
que je décidai de léguer à la science mon corps peu glorieux
canonisé dans une foire par un papillon rebouteux
je trimbalai ma pancarte et mon seau pour le bac à sable
l’envie de jouer était plus forte que l’alcool tribal
et le mikado m’agaçait sous les pins parasols
avec ma patience légendaire

sous les roues d’un camion écarlate
un 6 tonnes
j’observais médusé sur le bitume ma bite écrasée
tu m’étonnes
une nouvelle vie
et plus de rhumes à répétition

me vlà dev’nu un hérisson
qui a combattu par l’image périra par le son
me vlà dev’nu un hérisson
qui a combattu par l’image périra par le son

Le piano droit mis en sourdine est joué d’une main de maître animant les prés par O de Mars.
Hélas trois fois hélas, ce piano fut vendu à un obscur aède.

Nous noterons la curieuse leçon de cette palabre : l’image blesse, le son tue.
Ce ne sont ni Écho ni Narcisse qui me contrediront.